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Éducation à la citoyenneté et au vivre ensemble
Le mot citoyenneté fait souvent débat, il est parfois vue sur l’angle du nationalisme et du sentiment identitaire qui peut en soit faire débat. Il est aussi vue sur l’angle du citoyen actif et responsable ; c’est à dire une personne qui va avoir de l’intérêt pour le collectif, son environnement et agir dessus pour le faire évoluer. Dans ce contexte, des gens peuvent agir comme des citoyens et se faire entendre, même s’ils n’ont pas le statut légal de citoyen.
L’éducation à la citoyenneté outille donc les jeunes et les moins jeunes en s’appropriant collectivement les clés de lecture, de compréhension qui vont nous permettre d’agir et jouer un rôle actif dans la société : ici et ailleurs.
La mondialisation ne peut pas être qu’économique
Nous vivons dans une société mondiale. C’est une réalité incontournable. La mondialisation s’accélère avec des conséquences tant à l’échelle internationale que locale. Désormais, le niveau local et le niveau global sont parfaitement interdépendants et indissociables. Cette mondialisation a des impacts qui peuvent nous inquiéter : les effets parfois dévastateurs au niveau économique et social peuvent renforcer les dérives identitaires et ainsi le repli sur soi. L’enjeu n’est pas de nier le sentiment identitaire ; il prend de multiples formes (territoriales, sociale, de genre, politique...) et répond aussi à un besoin fondamental (sentiment d’appartenance). Mais les phénomènes de repli sur soi peuvent engendrer des formes d’exclusions, de développement des formes de racisme... Les enjeux du vivre ensemble sont alors fondamentaux. La mondialisation ne peut donc pas être qu’économique et doit s’appuyer également sur les hommes, les femmes et les enfants.
Le vivre ensemble : un rempart à toutes les formes de racisme
La recrudescence du racisme et des peurs liées aux questions de l’immigration, des idées d’extrême droite liant les questions de l’immigration aux problèmes de chômage ou de sécurité, a renforcé une forme « d’ethnicisation » de l’immigration.
La question du « vivre ensemble » et donc de l’interculturel pose dans un premier temps des questions sur notre rapport à l’autre. Ce rapport est complexe à mettre en œuvre. Comment gérer le conflit accentué par les différences culturelles ? Comment accepter l’autre, vivre un rapport égalitaire malgré les différences d’approches ? Ne pas questionner ce rapport, ces sentiments diffus et complexes, c’est prendre le risque de tomber soit dans l’ethnocentrisme (peur de l’autre, refus de la différence avec une défense du moi et un repli sur soi...), soit dans l’exotisme (fascination sans distanciation de l’autre...). Cela nécessite de prendre conscience à la fois des enjeux de société et de la complexité de mettre en œuvre cette éducation. Cette démarche éducative n’est en rien naturelle : elle se réfléchit et nécessite de construire des démarches particulières.
De l’assimilation culturelle, à l’intégration culturelle, à l’éducation interculturelle, au métissage culturel
Toute culture en tant que production humaine est différente d’une autre par construction. Préserver et développer la diversité culturelle est un objectif en lui même. Il ne s’agit pas d’un frein mis à l’épanouissement de l’humanité mais au contraire d’un développement de sa richesse. La démarche interculturelle pose donc un regard critique sur l’assimilation culturelle et l’intégration culturelle. Il y a effectivement assimilation lorsque l’individu et le groupe (ou le groupe et un ensemble plus vaste) oublient leurs différences. Le premier se fond dans le second qui l’a accueilli. Il perd donc son identité, jusqu’à refouler, nier ses références premières. L’intégration culturelle peut être compris sur une forme de tolérance avec l’image de pierre dans un mur. La pierre fait partie du mur mais peut être à tout moment désolidarisée du mur sans que rien ne se soit passé.
La démarche interculturelle pousse à la rencontre des cultures. On parle d’éducation car la rencontre n’est en rien naturelle, cela s’apprend. Elle peut ou ne peut pas produire des formes de métissages culturels car le mouvement de rencontre est forcément réciproque.
Pour mettre en place ces objectifs, il convient d’agir autour de plusieurs axes :
Développer les pratiques interculturelles ici
L’enjeu est bien d’intégrer la dimension interculturelle dans le parcours éducatif de tout citoyen dès son plus jeune âge. Lui offrir des possibilités d’apprentissage de l’altérité tout au long de sa vie pour lui permettre d’acquérir des compétences interculturelles. Des positionnements éducatifs et des propositions pédagogiques doivent être construits à partir de regards croisés européens et mondiaux : être conscient de sa propre culture, de ses références et entrer dans un dialogue réel pour pouvoir construire ensemble des expériences et des perspectives. Nous devons donc avoir cette attention et travailler sur les outils afin de sensibiliser les jeunes, les professionnels et les volontaires sur ces questions.
Renforcer la mobilité des jeunes
La mobilité est un moyen, un outil. Nous comprenons la mobilité comme un levier intéressant d’apprentissage interculturel : la rencontre de l’autre, comprendre comment chacun vit son histoire, construire des projets ensemble, vivre une aventure humaine singulière avec toutes les difficultés que l’on imagine pour accroître les prises de conscience de l’importance de l’altérité, du « vivre ensemble », de la lutte contre le racisme, de la qualité d’un citoyen responsable envers son environnement.
La mobilité peut prendre plusieurs formats : séjours de jeunes, rencontres de jeunes, volontariat... et donc de relever de mobilités collectives et individuelles.
Il est donc intéressant d’accueillir et de partir ; partir à travers des séjours et des rencontres de jeunes... Le pari pédagogique et éducatif se situe dans le passage d’une mobilité physique à une mobilité psychique. Lors de la rencontre internationale, il y a moyen de vivre plusieurs états psychiques :
Pour accompagner les jeunes et les enfants dans ces projets, il convient aussi de travailler auprès des personnes intervenant auprès de ces publics. L’intervention se construit dans une logique similaire : travailler l’interculturel ici mais aussi en permettant des mobilités individuelles et collectives. C’est une nécessité pédagogique : pour accompagner des jeunes sur ces enjeux et pratiques ; il convient aussi de les vivre pour soi-même.
Régis BALRY
Président du CRAJEP Pays de la Loire